
À toi.
Tu ne liras jamais ces mots. Mais je les écris pour toi.
Et pour toutes celles et ceux qui pensent encore que l’alcoolisme est une histoire de volonté.
De motivation.
De « yaka ».
De « faut qu’tu veuilles ».
Tu voulais.
Je l’ai vu dans tes yeux.
Je l’ai entendu dans ta voix, le jour où tu es sortie de ta post-cure.
Tu rayonnais. Tu respirais l’espoir.
Tu parlais de projets, de reconstruction, de liberté retrouvée.
Et tu y croyais. Moi aussi. On y croyait tous.
Et puis… il y a eu le silence.
Les absences. Les excuses. Les petits détours qu’on connaît trop bien.
L’ombre est revenue, à pas lents. Sournoise. Tenace.
Comme une marée noire qui colle aux pieds, au cœur, à l’âme.
La dernière fois que je t’ai vue…
J’ai compris.
J’ai compris que ton regard s’était vidé.
Qu’il n’y avait plus d’espace, plus d’air, plus de lumière.
Et que malgré tout l’amour autour de toi, malgré les mains tendues,
le combat était devenu trop lourd.
Ton mari.
Il s’est battu, lui aussi.
Il a déplacé des montagnes.
Cherché toutes les portes. Toqué à toutes.
Il a aimé fort.
Mais parfois, aimer ne suffit pas.
Et ça, personne ne le dit assez.
Toi, tu ne voulais pas mourir.
Tu voulais juste que la douleur s’arrête.
Je ne t’oublierai pas.
Tu aurais pu être moi.
Ça a failli être moi.
Ce putain de précipice, je l’ai regardé trop longtemps.
Mais j’ai eu une chance, une faille dans le mur.
Toi, non.
Et ce n’est pas de ta faute.
Ce n’est la faute de personne.
Juste celle de cette saloperie de maladie.
Aujourd’hui, je pleure.
Je pleure ta lumière. Ton rire. Ton combat.
Et je promets de continuer à parler. À dire. À crier.
Pour toi. Pour lui. Pour nous.
Parce que l’alcoolisme tue.
Et que le silence l’aide à tuer.
Damien.