L’alcool vu par Beaudelaire

J’écris ce texte un dimanche. Un peu plus de temps pour de l’écriture créative. Donc: Et si Beaudelaire avait rédigé sur l’alcool?


Lors de cette soirée d’été, alors que la douce mélodie des rires se mêlait à la chaleur ambiante, j’ai découvert l’alcool. C’était une découverte innocente, poussée par la curiosité de la jeunesse. La fraîcheur du verre dans ma main, la couleur dorée du liquide, tout m’invitait à goûter. Et lorsque le liquide a touché mes lèvres, une sensation nouvelle m’a envahi. Une chaleur douce, presque rassurante, s’est répandue dans tout mon corps. Je me sentais léger, libéré de mes inhibitions, prêt à explorer ce nouveau monde qui s’ouvrait à moi.

Charles Beaudelaire alcool
Charles et l’alcool

Les premières expériences avec l’alcool furent joyeuses et insouciantes. Chaque soirée était une nouvelle aventure, chaque verre une promesse d’euphorie. Les rires étaient plus forts, les danses plus endiablées, les conversations plus profondes. L’alcool était devenu mon allié, mon partenaire de fête. Il m’accompagnait dans mes joies, mes peines, mes découvertes. Il était là, toujours présent, toujours prêt à m’offrir un moment d’évasion, un instant de liberté.

Mais cette liberté avait un prix. Car si l’alcool m’offrait des moments d’extase, il me prenait aussi en otage. Je me suis mis à écrire sous son influence, croyant trouver en lui une muse inépuisable. Mes écrits, autrefois clairs et précis, devenaient flous, décousus. Je perdais le fil de mes pensées, m’égarais dans des divagations sans fin. L’alcool, que je croyais être mon allié, se révélait être un traître. Il m’entraînait dans un tourbillon de confusion, de désespoir, de solitude.

Les premiers signes de ma dépendance se sont manifestés subtilement. Des matins où le soleil semblait trop brillant, où le chant des oiseaux était une cacophonie insupportable. Ces matins-là, je me réveillais avec un goût amer dans la bouche, la tête lourde, le cœur battant à tout rompre. Les souvenirs de la veille étaient flous, entrecoupés de trous noirs. Je me promettais à chaque fois que ce serait la dernière, mais dès que la nuit tombait, la tentation était trop forte.

La descente aux enfers a été progressive. Ce qui avait commencé comme une simple distraction est devenu une nécessité. Je ne pouvais plus imaginer une soirée sans alcool, une journée sans cette sensation d’engourdissement. Mes amis, inquiets, tentaient de m’alerter, de me ramener à la raison. Mais je les repoussais, les accusant de ne pas comprendre, de ne pas voir la beauté de cet élixir. J’étais devenu esclave de cette bouteille, prêt à tout sacrifier pour elle.

Les trahisons se sont multipliées. Des promesses non tenues, des rendez-vous manqués, des amitiés brisées. Chaque gorgée m’éloignait un peu plus de la réalité, me plongeait dans un monde parallèle où tout semblait possible. Mais ce monde était une illusion, une chimère. Et lorsque je revenais à la réalité, le contraste était brutal. La solitude, l’isolement, le désespoir. Je me détestais, mais je ne pouvais m’empêcher de replonger, encore et encore.

Un matin, en me regardant dans le miroir, je n’ai pas reconnu l’homme qui me faisait face. Les traits tirés, les yeux cernés, la peau grise. Cet homme, c’était moi, mais en même temps, ce n’était pas moi. C’était l’ombre de moi-même, le reflet de mes excès, de mes erreurs. J’ai réalisé que je ne pouvais plus continuer ainsi, que je devais faire un choix. Continuer sur cette voie autodestructrice, ou retrouver ma vie, ma liberté.

Les tentatives de sevrage ont été nombreuses, chacune avec son lot d’espoirs et de désillusions. Les premiers jours étaient toujours les plus difficiles, marqués par une envie irrépressible, une soif insatiable. Les nuits étaient agitées, peuplées de cauchemars, de sueurs froides. Mais à chaque fois, je me raccrochais à l’idée d’une vie meilleure, d’un futur sans cette dépendance qui me rongeait de l’intérieur.

Avec le temps, et avec l’aide de mes proches, j’ai commencé à reprendre le contrôle de ma vie. J’ai redécouvert les plaisirs simples, les joies authentiques. Les promenades au grand air, les discussions profondes, les rires sincères. Chaque jour sans alcool était une victoire, un pas de plus vers la liberté.

Mais la tentation était toujours là, tapie dans l’ombre, prête à surgir à la moindre faiblesse. Les moments de doute, de tristesse, étaient autant d’occasions pour elle de refaire surface. Et à chaque fois, je devais puiser au plus profond de moi-même pour lui résister, pour ne pas replonger.

Le jour où j’ai décidé de dire adieu à l’alcool pour de bon a été le jour le plus difficile, mais aussi le plus libérateur de ma vie. J’ai réalisé que je ne pouvais pas continuer à vivre dans le passé, à ressasser mes erreurs, mes regrets. Il était temps de tourner la page, de commencer un nouveau chapitre.

Aujourd’hui, je regarde l’avenir avec espoir et sérénité. Les défis sont toujours présents, mais je les affronte avec détermination et courage. Je suis reconnaissant pour chaque jour qui passe, pour chaque moment de bonheur, de paix. L’alcool n’est plus qu’un lointain souvenir, une ombre qui s’estompe peu à peu. Je suis libre, enfin.

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1 réflexion sur “L’alcool vu par Beaudelaire”

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